1 December 2018

Sciences & Avenir (France)

Nucléaire, l’exception française ? L’énergie nucléaire en France et dans le monde

Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé la fermeture de 14 centrales nucléaires en France d’ici 2035, le point sur le poids de cette source d’énergie en France... et dans le monde, en infographies.
Source : Nucléaire, l’exception française ? L’énergie nucléaire en France et dans le monde 29 November 2018 https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/data-la-production-d-energies-dont-nucleaire-en-france_129750

Sciences & Avenir

Par Sarah Sermondadaz le 29.11.2018 à 10h02

Très attendue pour acter la politique de transition énergétique de la France, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) a été dévoilée par l’exécutif le mardi 27 novembre 2018. Sur le plan énergétique, outre la fermeture de 14 centrales nucléaires d’ici 2035, elle implique de tripler la puissance installée de l’éolien... et de multiplier par plus de 5 la puissance installée pour le solaire, à la même échéance. L’occasion de s’interroger sur la part du nucléaire dans le mix énergétique. La carte ci-dessus montre la part du nucléaire dans les différents pays nucléarisés.

Le nucléaire source de 40% de l’énergie... mais de plus de 70% de l’électricité La consommation d’énergie de la France s’élevait en 2017 à 248,2 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep), où le nucléaire en représentait la plus grande part (un peu moins de 40%), devant le pétrole (29%), le gaz (15%), les énergies renouvelables (10%) et le charbon (près de 4%). Mais la répartition est toute autre si on considère le seul mix électrique. L’atome a fourni autour de 72% de la production de courant, devant les énergies renouvelables, le gaz (près de 8%), le charbon (moins de 2%) et le fioul (moins de 1%) (Chiffres RTE).

HYDRAULIQUE. L’hydraulique figure parmi les principales sources d’énergies qui ne sont ni nucléaire, ni d’origines fossile. Il faut toutefois noter que tout l’hydraulique produit n’est qu’à environ 90% renouvelable. Les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP), qui impliquent de pomper l’eau pour la stocker à une altitude plus élevée, ne sont pas considérées comme renouvelables. Elles assurent principalement une fonction de stockage de l’énergie. De quoi moduler l’énergie produite en fonction de la demande : on l’appréhende facilement à partir des données en temps réel mises à disposition par RTE avec son outil Eco2Mix. Par exemple, au cours de la journée du 27 novembre 2018, l’énergie hydroélectrique produite a oscillé entre un minimum de 3708 MW et un maximum de 9165 MW par ce biais.

Nucléaire : une exception française ?

L’importante part du nucléaire en France dans le mix électrique fait figure d’exception, en Europe mais aussi dans le monde. Avec une capacité opérationnelle de 61,8 TW pour 57 réacteurs, notre pays se situe devant la Chine et ses 41 réacteurs, selon le World nuclear industry status report 2018. (Mais toutefois derrière les États-Unis, qui disposent d’une capacité de 99,98 TW). Ces derniers présentent cependant l’avantage de la jeunesse : 7,1 ans en moyenne, contre 33,4 ans en France ! 16 nouveaux réacteurs sont de plus en construction, de même qu’en Inde, avec 7 nouveaux réacteurs. C’est ce que montre la carte ci-dessus. Le nucléaire a toutefois une part limitée dans le mix électrique chinois : seulement 3,9% (contre 20% pour les États-Unis).

VELOPPEMENT. La construction de nouvelles centrales est un investissement d’ampleur, lorsqu’on voit que la production d’un seul réacteur avoisine souvent le gigawatt. Toutefois, depuis 2000, le développement des renouvelables (en particulier l’éolien et le solaire) a conduit à davantage d’accroissement de la capacité installée que le nucléaire, comme le montre le graphe ci-dessous. En Europe, on observe même qu’entre 1997 et 2017, la production nucléaire a chuté de 91 TWh. Ceci est principalement dû à la catastrophe de Fukushima, suite à laquelle l’Italie puis l’Allemagne, la Belgique et la Suisse ont décidé de fermer progressivement leurs installations. Ainsi, le fait que la production reparte à la hausse après une chute en 2011, observée sur le second graphe est attribuable aux nouvelles centrales en cours d’installation... hors Europe. Sans la Chine, la production d’électricité d’origine nucléaire dans le monde aurait chuté depuis 2014, note aussi le World nuclear industry status report.

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