L’Usine Nouvelle, 13 septembre 2018
Aurélie Barbaux
Même si l’auteur du World Nuclear Industry Status Report (WNISR), Mikle Schneider, est ouvertement pour la sortie du nucléaire, ses comptages des ouvertures, fermetures et mises en construction de centrales nucléaires peuvent difficilement être discutés. Ses comparaisons entre les investissements consentis pour la construction de nouvelles capacités de production d’électricité dans le monde entre nucléaire et renouvelable, non plus.
Dans l’édition 2018 du WNISR, il constate que les centrales nucléaires ont apporté en tout 7 gigawatts (GW) de nouvelles capacités aux réseaux électriques dans le monde en 2017 et au premier semestre 2018. Soit moins de 3% de toutes les nouvelles sources d’électricité, estimé à environ 257 GW (net) en 2017, dont 157 GW pour les seules énergies renouvelables.
Sur les dix-huit derniers mois, six réacteurs ont été mis en service en Chine, deux en Russie et un au Pakistan. La production d’électricité nucléaire a cru de 1%, grâce à la Chine, contre 35% pour le solaire et 17% pour l’éolien. Pour la troisième année consécutive, la production nucléaire mondiale hors Chine était en baisse en 2017. Le nombre de réacteurs en construction est lui aussi en baisse, pour la cinquième année consécutive, passant de 68 réacteurs à la fin 2013 à 50 à la fin du premier semestre 2018, dont 16 en Chine. Et au moins deux tiers des constructions de réacteurs subissent des retards, dont la moitié des réacteurs chinois. Un quart seulement des 16 réacteurs dont le démarrage était prévu en 2017 en début d’année ont été effectivement couplés au réseau.
TROIS PRESSIONS CONJUGUÉES
L’Agence internationale de l’énergie atomique, basée à Vienne, fait elle aussi le constat de la contraction du nucléaire dans le monde et en analyse les causes. Dans une nouvelle étude, publiée le 10 septembre, elle anticipe que la capacité nucléaire mondiale pourrait baisser de 10 % d’ici 2030, sous la pression conjuguée du faible prix du gaz, de la poussée des énergies renouvelables et des politiques de sorties du nucléaire post Fukushima. « Cette industrie fait face à une baisse de compétitivité », observe l’AIEA. L’industrie du nucléaire doit en effet faire face à l’augmentation des délais et des coûts de construction en raison des exigences de sûreté accrues et des difficultés rencontrées dans le déploiement des technologies avancées de type EPR, explique l’étude.
Mais le pire n’est pas sûr. Malgré les fermetures annoncées, l’AIEA prévoit toujours une augmentation de capacité mondiale installée, qui pourrait aller jusqu’à 30% pour atteindre 511 GW, dans son scénario haut. C’est néanmoins 45 GW de moins que ses précisons de 2017. Dans le monde, 455 réacteurs, représentant une capacité de 399,8 GW, sont en activité. Ils ont fourni environ 10 % de l’électricité mondiale en 2017.