Par : Cécile Barbière | EURACTIV.fr 13 sept. 2017 (mis à jour : 15 sept. 2017)
Avec un seul réacteur entré en construction en 2017, le développement de l’énergie nucléaire semble avoir atteint sa limite, selon le World Nuclear Industry Report 2017.
Le nucléaire décline mais n’a pas dit son dernier mot. Selon le World Nuclear Industry Report 2017, l’étude annuelle sur les enjeux du nucléaire conduite par Mycle Schneider, l’expansion du parc semble bel et bien terminée.
Mais la force d’inertie du secteur fait qu’en dépit d’un véritable ralentissement, certains projets continuent pourtant de suivre leur cours. « La force d’inertie de l’industrie du nucléaire est telle, que des projets lancés avant la catastrophe de Fukushima il y a 5 ans suivent leur cours » explique Mycle Schneider.
« Comment se fait-il que malgré des coûts en hausse et la catastrophe de Fukushima, le nucléaire n’ait toujours pas été abandonné comme solution énergétique » s’interroge de son côté Rebecca Harms, eurodéputée Verte allemande.
Financé depuis plusieurs années par la Fondation MacArthur et le parti des Verts au Parlement européen, le « World nuclear industry status report » détaille les données relatives à l’exploitation, la production et les constructions de réacteurs dans le monde.
Essoufflement
Plusieurs chiffres exposés dans l’édition 2017 de ce rapport de référence montrent les signes d’essoufflement du nucléaire. Par exemple, le nombre de réacteurs en construction est en baisse pour la quatrième année consécutive, passant de 68 à la fin 2013 à 53 mi-2017.
En 2016, la production nucléaire mondiale a augmenté de 1,4 %, grâce à une hausse de 23 % de la production chinoise. Au global, la part du nucléaire dans la production d’électricité mondiale n’a cependant que très légèrement varié, passant à 10,5 % (- 0,2 %).
Aujourd’hui, 5 pays produisent 70% de l’énergie nucléaire dans le monde. Et les deux premiers, les Etats-Unis et la France concentrent à eux seuls 50% de la production.
Pourtant, depuis quelques années, « seule la Chine construit encore des réacteurs nucléaires en quantité importante » souligne Mycle Schneider, coordinateur du rapport.
L’exception chinoise pourrait elle aussi tirer à sa fin, puisqu’en 2017, « aucun réacteur n’a été mis en construction en Chine. Mais est-ce pour autant la fin de l’exception chinoise, il est encore un peu tôt pour le dire » explique Mycle Schneider.
Les renouvelables prennent de l’ampleur
En 2016, les capacités de production du nucléaire se sont accrues de 9 GW par rapport à 2015. Mais elles ont bondi de 75 GW pour le solaire et de 55 GW pour l’éolien.
La baisse des coûts des énergies renouvelables les a rendus de plus en plus compétitives sur le marché de l’énergie. Résultat, les investissements suivent. Selon le rapport, en 2016, il y a eu plus de « 240 milliards de dollars investis dans les énergies renouvelables contre environ 10 milliards dans le nucléaire », a indiqué Andreas Rüdinger, chercheur à l’IDDRI.
Résultat, 75 gigawatts (GW) de panneaux solaires et 55 GW d’éoliennes ont été installés dans le monde en 2016, tandis que les nouvelles installations nucléaires n’ont représenté que 9 gigawatts d’installations sur la même période.
See also :
• Euractiv (Belgium) : "Report : Nuclear power on the decline", 15 September 2017.
• Euractiv (Belgium) : "Il nucleare è in declino", 14 September 2017.