4 November 2014

EurActiv (UK/France): L’affaire des drones souligne la vulnérabilité du nucléaire/’Game of drones’ highlights France’s nuclear vulnerability

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L’affaire des drones souligne la vulnérabilité du nucléaire

EurActif.fr, Published: 04/11/2014 - 08:21

Aline Robert

Plus d’une dizaine de centrales françaises ont été survolées par des drones durant le mois d’octobre. Des repérages potentiels non revendiqués qui inquiètent les experts du nucléaire, notamment à propos du transport de matières radioactives.

Le survol de onze centrales nucléaires françaises par deux fois depuis le début du mois d’octobre est devenu un sujet de préoccupation dans l’Hexagone. « Game of drones » titrait lundi 3 novembre le quotidien Libération, en s’interrogeant sur les tenants et les aboutissants de ces survols.

Le groupe EDF a déposé plainte tout comme le Commissariat à l’Energie Atomique, et une enquête devrait être ouverte sur le sujet. Le survol des centrales nucléaires, interdit dans un périmètre de cinq kilomètres et de 1.000 mètres d’altitude autour des sites, est passible d’un an d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende.

« Il s’agit d’évènements très graves ! Je ne comprends pas que l’on n’y attache pas plus d’importance. Il y a d’une part le phénomène de ces drones d’origine inconnue, mais aussi le danger potentiel démontré par ce mode d’action » s’étonne Mycle Schneider, expert du nucléaire, et auteur du World Nuclear Industry Status Report.

De leur côté, les services de l’Etat se montrent rassurants. « L’ensemble des services de l’Etat en charge de la sécurité et de la sûreté des points d’importance vitale (intérieur, énergie et environnement, défense) sont mobilisés depuis le début des survols pour identifier les responsables de ces actes et y mettre un terme », a indiqué dans un communiqué le Secrétariat général à la défense et à la sécurité nationale, un service du Premier ministre.

Interrogations sur la sécurité

Du côté du gouvernement, la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, a refusé d’admettre que la sécurité des centrales pourrait être inadéquate.

« Je ne laisserai quiconque, parce que j’entends déjà les déclarations d’un certain nombre d’associations, porter atteinte à la crédibilité et à la réputation de sûreté de nos centrales nucléaires », a-t-elle déclaré sur Europe 1.

L’hypothèse avait notamment été évoquée par Greenpeace samedi. L’ONG s’inquiétait d’un potentiel largage d’explosif depuis un engin téléguidé. Et la menace terroriste potentielle a été évoquée par les anti-nucléaire.

Parmi les centrales survolées figurent Fessenheim, Flamanville, Penly, Saint-Laurent-des-eaux, Dampierre mais aussi Belleville-sur-Loire (Cher). D’autres centrales avaient précédemment été l’objet de pareils survols, au début du mois d’octobre.

La France est le pays le plus équipé au monde en centrales nucléaires par habitant, avec 58 réacteurs nucléaires répartis sur 19 centrales. Le parc nucléaire actuel, contrairement aux EPR en construction à Flamanville et en Finlande, n’est pas protégé contre une éventuelle attaque d’avion de ligne. Les piscines contenant le combustible usagé ne sont notamment pas équipées d’un toit très solide, et l’Autorité de Sureté Nucléaire a déjà demandé à EDF de rectifier le tir.

Les piscines et autres endroits fragiles dans une centrale

« Le cœur du réacteur d’une centrale est installée au sein d’une enceinte de confinement très solide. Mais si on est intelligent, on cherche les endroits les plus faibles d’une centrale, et le recours à des repérages peut éventuellement y concourir. Il y a évidemment des endroits fragiles et attaquables » observe Mycle Schneider, qui s’inquiète de la vulnérabilité du site de La Hague.

Le lieu est, selon lui, à la fois l’un des plus vulnérables, et où le risque de radiotoxicité est le plus élevé. Il y a en effet 10.000 tonnes de combustibles irradiés entreposés dans 5 piscines peu protégées, et surélevées pour des raisons sismiques.

« Le risque de ces piscines hors-sol est qu’elles peuvent être vidées, et elles ne sont couvertes que par de la tôle ondulée » souligne-t-il.

Le transport de plutonium se poursuit

Mais la vulnérabilité de La Hague est aussi liée au transport de plutonium effectuée à partir de ce site, par la route, dans des camions. L’usine de retraitement de La Hague extrait du plutonium des combustibles déjà utilisés et le transporte dans le Sud de la France, à Marcoule. Un déroulement critiqué depuis longtemps par les anti-nucléaires. Mais qui devient plus risquée en cas d’intentions malignes selon le spécialiste. Or ces transferts se poursuivent actuellement, comme l’indique Areva.

« Les transports de plutonium de La Hague vers Melox sont inhérents à l’organisation du processus industriel de traitement-recyclage en France. Par définition, ceux-ci ont lieu régulièrement» précise un porte-parole d’Areva, tout en indiquant que ces transferts se déroulent dans des emballages spécifiques et ne représentent « pas d’enjeu radiologique pour les populations et l’environnement ».

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English version

’Game of drones’ highlights France’s nuclear vulnerability

EurActiv.com, Published: 04/11/2014 - 11:13

Unidentified drones have made flights over 11 French nuclear power stations since the beginning of October. French authorities and nuclear experts are becoming increasingly worried about this activity, which Libération has dubbed the “game of drones”. EurActiv France reports.

Energy company EDF has complained to France’s Atomic Energy Commission, and an investigation is being opened into the subject. It is forbidden to fly within 5 kilometers of a nuclear power station, or less than 1,000 meters above one. Contravening this law can earn you a year in prison, and a fine of €75,000.

“These are very serious events! I do not understand why they are not taken more seriously. One issue is the unknown origin of these drones, but there is also the potential danger demonstrated by this kind of occurrence,” said Mycle Schneider, a French nuclear expert and author of the World Nuclear Industry Status Report.

“All the state services for the safety and security of the most important sectors (interior, energy and environment, defence) have been mobilised since the beginning of these flyovers, in an attempt to identify those responsible and to put an end to them,” the French Secretariat General for Defence and National Security stated in a press release.

Security questions

The French government has refused to admit that the security of the power stations could be inadequate.

Ségolène Royale, the Minister for the Environment, said in an interview with Europe 1 that she “will not [...] allow the credibility and the reputation for safety standards in [France’s] nuclear power stations to be jeopardised”.

Greenpeace expressed concern on Saturday that drones could be used to drop explosives on nuclear power stations.

France is the world’s most nuclear-reliant country, with 58 nuclear reactors spread over 19 power stations, but unlike those under construction in Normandy and Finland, its current nuclear facilities have no protection against attacks from the air. The pools in which spent fuel is stored are not equipped with solid roofs, a situation the Nuclear Safety Authority has already asked EDF to rectify.

A reconnaissance operation?

“The heart of a nuclear reactor is installed inside a very solid enclosure. But a clever person would look for a power station’s weakest points, and with reconnaissance operations, they might find what they are looking for. Of course there are fragile and attackable areas,” Mycle Schneider said, citing the vulnerability of the facility at La Hague.

He believes this is one of the most vulnerable sites, presenting a high risk of radioactive contamination. 10,000 tons of irradiated material is stored in 5 relatively unprotected pools, raised above ground to avoid damage from seismic activity. “The problem with above-ground pools is that they can be drained, and they are only covered by corrugated metal,” he said.

The anti-nuclear lobby has long opposed the intrinsically dangerous practice of transporting plutonium by lorry on public roads, which the specialist says exposes the material to attack from terrorists. The vulnerability of La Hague is all the more concerning because of the large volume of radioactive material that is processed and stored there, originating from France, Germany, Belgium, the Netherlands, Switzerland, Spain, Italy and Japan.

A spokesperson for Areva, the company that operates the site at La Hague, said that transporting plutonium to and from the power station was inherent to the process of waste recycling, but that the material was moved in special containers and did “not represent a radiological threat to populations or the environment”.

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