Par Christelle GUIBERT publié le 25.02.2021
En 2019, le monde a encore battu un record, en raccordant aux réseaux une capacité d’énergies renouvelables de 184 gigawatts (GW) : 60 GW d’éolien, 98 GW de solaire. Pour cette filière du photovoltaïque, deux grands pays, la Chine et les États-Unis, ont assuré 60 % des nouveaux parcs.
Les chiffres de 2020 arrivent au compte-gouttes, mais l’immense Chine, déjà, a ajouté 71,67 GW de capacité éolienne à son mix énergétique. C’est le triple de 2019, et donc davantage que le record mondial de cette année-là. « En comparaison, le nucléaire opérationnel a connu une augmentation nette de 2,4 GW », indique le récent Rapport mondial sur le nucléaire, rédigé, il est vrai, par des observateurs plutôt contre, comme Mycle Schneider.
Cependant, les chiffres sont là. Pour sortir rapidement du fossile, le monde mise sur les énergies renouvelables. L’Union européenne veut multiplier par vingt-cinq sa capacité d’éolien en mer en 2050. Et les Américains, déjà en selle, vont être dopés par les 2 000 milliards de dollars du plan de relance du président Joe Biden. Selon la banque historique Lazard, le total des investissements dans l’électricité renouvelable a frôlé les 300 milliards de dollars en 2019 et cet engouement financier ne devrait pas faiblir, pour une raison simple. Les coûts du solaire ont baissé de 82 % et ceux de l’éolien de 40 %, cette dernière décennie, tandis que ceux du nucléaire augmentaient de 26 %.
Cet argent investi a créé des champions qui dominent le marché. Les Européens s’en sortent bien. Les Danois Orsted, Vestas Wind Systems et l‘équipe germano-espagnole Siemens Gamesa Renewable Energy écrasent la concurrence sur l’éolien en mer, le renouvelable le plus efficace. Mais les Américains, guidés par la réussite de General Electric, devraient rapidement faire leur retard.
La France avait des champions, comme Alstom à Saint-Nazaire ou DCNS à Cherbourg. Ils se sont épuisés par manque de soutien national. Résultat : en 2020, la France ne dispose que d’une éolienne off-shore, au large du Croisic. Le Royaume-Uni, 2 225. Aussi, c’est massivement à l’étranger qu’un autre fleuron français, Total, investit ses billes vertes, soudain pressé d’obtenir 35 GW de renouvelables en 2025.