Le nucléaire est-il en déclin ?
ARTE, 15 octobre 2014 | @Barbara Lohr, Jean-Pascal Noël
C’est une première : la filière nucléaire a désormais son salon, le World Nuclear Exhibition, et il ouvre ses portes aujourd’hui au Bourget le jour même du vote de la loi sur la transition énergétique. La collision de ces deux évènements, qui plus est en France, LE pays du nucléaire par excellence, interpelle : le nucléaire est-il une énergie du passé ou a-t-il encore de beaux jours devant lui ?
Pour Greenpeace, la réponse est toute trouvée : le nucléaire est un secteur en déclin face au développement croissant des filières renouvelables et ce salon de “dinosaures” aurait pour mission de relancer une industrie qui patine. Un chiffre à l’appui de cette thèse : les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables représentent cinq fois plus que ceux dans le nucléaire : 215 milliards d’euros en 2013 contre 43 milliards d’euros.
Le secteur attend un signal du Japon
Fukushima est passé par là ! Après la catastrophe, quelques pays comme l’Allemagne, la Suisse ou l’Italie ont décidé leur sortie définitive du nucléaire à plus ou moins court terme. Berlin s’est fixé 2022 comme objectif. Ailleurs des projets ont été différés ou annulés et le secteur a dû revoir en profondeur la sûreté de ses installations. Mais aujourd’hui il veut montrer qu’il est sorti de l’hiver nucléaire.
Pour cela il attend un signal fort : la réouverture même partielle du parc nucléaire japonais. Dans une interview à l’AFP, Luc Oursel, le président du directoire d’Areva confiait qu’“une des grosses incertitudes du marché du nucléaire, c’est tout simplement le fait que les centrales japonaises n’ont pas encore redémarré”. Les 48 réacteurs japonais sont à l’arrêt depuis la catastrophe il y trois ans et demi.
70 centrales en construction
Pour autant, 435 réacteurs fonctionnent toujours dans une trentaine de pays du monde et surtout 70 centrales sont en construction dont plus de la moitié en Russie et surtout en Chine. Cette dernière est sous pression pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre et donc réduire sa dépendance au charbon. Pékin prévoit donc de tripler sa capacité nucléaire d’ici 2020. La Russie espère elle pouvoir produire 45% de son électricité par le nucléaire à l’horizon 2050 et l’Inde 25%.
Portée par les pays émergents la capacité nucléaire mondiale continue donc à croitre aujourd’hui selon le site connaissance des énergies qui constate cependant un ralentissement et une diminution de la part du nucléaire dans la production d’électricité mondiale : de plus de 17 % en 1996 à 10,8% en 2013 selon l’édition 2014 du “World Nuclear Industry Status Report”.
Siehe auch Atomkraft im Niedergang?