7 September 2015

Les Echos (France): Des retards généralisés sur les chantiers

Des retards généralisés sur les chantiers

Les Echos, 4 septembre 2015

Anne Feitz / Journaliste | Le 04/09 à 07:00

Au moins 16 des 18 réacteurs de 3 e génération en construction démarreront en retard.

Où en sont les chantiers des autres réacteurs dans le monde ? Selon le dernier rapport World Nuclear Industry Status Report réalisé par le consultant Mycle Schneider (un ancien de Wise, connu pour ses positions peu favorables au nucléaire), les trois quarts des réacteurs en construction dans 14 pays (dont 24 en Chine, 8 en Russie et 6 en Inde) ont accumulé des retards. Et la plupart des autres sont trop récents pour estimer s’ils tiennent leurs délais.

Les 18 réacteurs de 3e génération, en particulier, ont quasiment tous dérapé : problèmes de design, pénurie de main- d’oeuvre qualifiée, contrôles qualité insuffisants, ou encore défauts de planification expliquent ces retards, selon le rapport. Flamanville n’est pas le seul EPR d’Areva à subir des déboires. Olkiluoto-3, en Finlande, a déjà accumulé neuf ans de retard et un surcoût de plus de 5 milliards d’euros. Areva table aujourd’hui sur une mise en service en 2018. L’équipementier français construit aussi, avec EDF, deux EPR à Taishan, en Chine, qui ont de leur côté pris deux ans de retard. En janvier, EDF tablait sur une fin de chantier fin 2015 pour le premier, et trois à quatre mois plus tard pour le second.

L’américain Westinghouse, qui construit actuellement 8 réacteurs AP1000, n’est guère plus ponctuel. En Chine, où la construction de 4 unités à Sanmen et à Haiyang a démarré en 2009 et 2010, des difficultés liées aux pompes de refroidissement du réacteur sont apparues dès 2011. Leur mise en service est aujourd’hui prévue pour 2016, au lieu de 2013 à 2015 lors du lancement du chantier. Aux Etats-Unis, les unités de Summer et de Vogtle, en Caroline du Nord et en Georgie, affichent de même entre deux et trois ans de retard (et des surcoûts de plus de 1 milliard de dollars chacun), ayant de même subi des défauts de conformité sur des pompes. Elles ne devraient pas démarrer avant 2019.

Restent les 6 unités AES-2006 construites par le russe Rosatom, en Russie et en Biélorussie. Les chantiers russes, Leningrad 2 et Novovoronezh, ont déjà pris entre trois et quatre ans de retard, en raison de problèmes de financement, et de l’écroulement d’une structure en acier à Leningrad, en 2011. Leur démarrage est désormais prévu entre 2016 et 2018. Seuls les 2 réacteurs de la Biélorussie semblent suivre leur calendrier initial (2018 et 2020). C’est en tout cas ce que le directeur de la centrale a encore affirmé cet été.

A. F., Les Echos

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